Covid : quitter Paris pour partir vivre à la campagne, fantasme ou réalité ?
Les citadins français semblent être de plus en plus nombreux à vouloir quitter les grandes villes. L’exode urbain est-il réel ? Avec le Covid, quitter Paris pour partir vivre à la campagne relève-t-il du fantasme ou de la réalité ?
Le Covid, le couvre-feu et les confinements successifs vont-ils être à l’origine d’un vaste exode urbain ? Les parisiens et habitants de grandes agglomérations sont-ils en train de déserter les villes pour migrer dans les campagnes ? C’est ce que laissent penser de nombreuses études…
Pourquoi le Covid pousse certains à quitter les grandes villes pour la campagne ?
Selon un sondage réalisé par le réseau Orpi en décembre 2020, 4 locataires sur 10 souhaitent déménager à cause de l’épidémie de Covid-19.
Confinement, couvre-feu, télétravail, fermetures des commerces… Les conséquences directes de la pandémie amènent certains à repenser leur mode de vie. Une totale remise en question qui passe donc notamment par le logement.
A quoi bon payer un loyer au montant astronomique si le confinement et le couvre-feu nous contraignent à rester enfermé dans un petit appartement, sans pouvoir profiter des avantages de la ville ?
Pourquoi se priver d’un plus grand logement dans des régions moins chères puisque le télétravail me permet de travailler d’où je veux ?
Vivre dans une agglomération à la population dense est-il raisonnable à l’heure d’une pandémie mondiale ?
Qui sont les plus enclins à partir vivre à la campagne ?
Toutes ces questions, les plus urbanisés d’entre nous y ont pensé. Et plus particulièrement les Parisiens.
Selon un sondage réalisé en mai 2020 par la plateforme Paris je te quitte, 54 % des habitants de l’Ile-de-France se déclaraient prêts à partir dès que possible pour s’installer dans une autre région. Ils n’étaient que 38 % avant le confinement.
Des chiffres qui n’ont fait qu’augmenter au fil de l’année 2020. Et plus particulièrement chez les cadres parisiens. En août dernier, Cadreemploi révélait que plus de 8 sur 10 souhaitent quitter la capitale : 15% d’entre eux afin de déménager à la campagne, et 13% pour se diriger vers de plus petites villes.
Déménager pour aller où ?
Les régions ensoleillées et les côtes semblent les plus attrayantes aux yeux des citadins enclins à s’exiler. D’après une étude de l’Apec publiée en août 2020, plus de la moitié des cadres d’Île-de-France qui envisagaient de changer de poste dans les trois ans se disaient prêts à changer de région. 38 % voulaient aller en Nouvelle-Aquitaine et 31% en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Mais si cet exode des villes et plus particulièrement de Paris semble donc bien lancé, la réalité est un peu plus nuancée.
L’exode urbain, un pur fantasme ?
Les conséquences d’un possible exode urbain préoccupent les experts et élus. Fin janvier 2021, POPSU, le programme de recherche national, a lancé une consultation sur l’exode urbain lié à la pandémie.
Mais plusieurs experts nuancent le phénomène. Cet exode serait à relativiser. Sur le blog de l’Insee, Olivier Léon, Adjoint au sous-directeur de l’observation de la solidarité explique que « 55 % des partants sont restés en Île-de-France, dont la majorité dans l’agglomération parisienne. Les autres se retrouvent pour moitié dans des grandes villes de province. Les départs pour la campagne sont donc minoritaires, et souvent le fait de retraités ».
Sur France Culture, la doctorante Fanny Hugues, dont les recherches se concentrent sur les pratiques de débrouille des populations à faibles revenus dans des espaces ruraux, évoque, elle, un possible frein économique et technique : “Il faut des ressources pour s’installer à la campagne. Car si l’accès à la propriété est abordable, il faut ajouter à cela des coûts liés aux transports, à la rénovation du logement etc. Par ailleurs, les personnes qui n’ont pas mis en place des réseaux d’entraides doivent réapprendre certains savoir-faire à l’instar du bricolage et du jardinage.”
Alors, l’exode urbain dû à l’épidémie de Covid-19 : fantasme ou réalité ? L’avenir nous le dira…
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